vendredi 5 septembre 2008

Birmanie, ça craint... Un an déjà.

La Marine Marchande Française et le pavillon du Myanmar, car le "SLORC"(*) a même changé le nom de la Birmanie. A propos de pavillon de complaisance, le bon peuple de France ne sait pas que des "managers" du "pays.fr" ont utilisé le pavillon Birman. C'est arrivé à la fin des années 1980 avec une filiale de l'ancienne CGM (Compagnie Générale Maritime, "Cie Gravement Malade" disaient les mauvais esprits à l'époque), l'héritière des Messageries Maritimes et de la Cie Générale Transatlantique. C'est l'Air du Temps nr 209.
(le 28/09/07 retour "on line" un an plus tard)

Au printemps 2008 la junte était toujours en place. Pour elle une catastrophe naturelle avec une immense inondation, ce n'est pas trop pénible... L'ancien ministre belge Louis Michel est bien gentil alors "on" l'a écouté.

J'ai exprimé hier ma très vive inquiétude malheureusement justifiée, en particulier pour Mme Aung San Suu Ky qui est de longue date la tête de turc du Slorc... Depuis longtemps elle les em... Et ils la tiennent physiquement. La question principale des prochains jours semble donc être si les soldats vont avoir moins peur les uns des autres et donc désobéir. En 2008 nous savons que non.

On l'imagine mal mais c'est arrivé! Deux navires français l'ont porté!

Nous constatons ces derniers jours que l'une des plus terribles dictatures de la planète se trouve pour la seconde fois en très grande difficulté. On peut même dire que "ça craint", car le très mystérieux "SLORC" (l'organisme directeur de la junte militaire au pouvoir depuis 1961) a ce qui s'appelle "de la ressource", pour ne pas dire qu'il a longtemps eu de nombreux et puissants soutiens en particulier à l'étranger. D'autre part les chefs du SLORC ont su montrer à diverses occasions une détermination sans faille, doublée par une absence totale, vous excuserez le facile jeu de mot, d'éthique ou de scrupule.
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Il est bien connu que certains grands groupes pétroliers entretiennent de longue date des rapports étroits et cordiaux avec le SLORC, en particulier le plus important Français... D'autre part des soupçons plus ou moins justifiés nous laissent croire que cette grande entreprise française a des méthodes de travail "particulières" sur place, pour ne pas dire que c'est très "discutable". Ces informations ont naturellement soulevé plusieurs fois notre indignation et notre étonnement, devant l'absence totale de réaction des pouvoirs publics devant cette situation, car cela ne date pas d'hier.
La France donne beaucoup de leçons de "droit de l'homme" dans toutes les directions, mais sa pratique reste beaucoup trop souvent peu compatible avec la théorie officielle. Pour rester poli...
Le Gauguin, avant son expérience Birmane.

Total n'est pas seule et dans son activité, "un autre" serait sur place si elle n'était pas là. C'est bien le problème... Conformément à la liberté offerte aux entreprises de pouvoir faire n'importe quoi n'importe comment, l'un de ces managers géniaux qui firent la démolition d'une des belles flottes de commerce civilisées de l'Europe moderne, créa une filliale de la CGM appelée "Marima". Celle-ci hérita de deux porte-conteneurs rouliers de la "maison mère" pour ouvrir une ligne régulière de conteneurs entre l'Europe du Nord et la Côte Ouest des Etats-Unis. Ces deux navires furent exploités sous pavillon Birman, ce qui est apparu à l'époque comme étant tout à fait original...
Le Golden Gate Bridge
Le Gauguin sous le nom de CGM California a fréquenté une belle ligne.

Il est sûr que le pavillon Birman est moins connu que Panama! Ceci a sans doute permis un certain nombre "d'astuces" pas toujours glorieuses, compte tenu de tout ce que nous savons du régime en place dans ce malheureux pays. Les manifestations et insultes internationales que le régime du général Pinochet a dû subir lorsqu'il était "aux affaires", furent plus que nombreuses, alors qu'il n'avait pas prémédité "son coup" et ne causa la mort "que de seulement" moins de 5000 personnes. C'est "bien petit" à côté du SLORC, qui a des copains partout au monde, à l'Est comme à l'Ouest, mais surtout dans quelques milieux d'affaires Européens.

Aung San Suu Ky a beaucoup d'audience. Réussira-t-elle?

Il est aujourd'hui bien connu que Pinochet fut contraint de participer au putch au dernier moment (c.à.d. le 9 sept. 1973 au soir) et qu'en parfait opportuniste rusé, il réussit à en prendre la direction au désespoir de tous ses "petits camarades". Mais pour la discrétion il pouvait prendre exemple sur ses lointains cousins du SLORC!

On était fort loin avec Pinochet ou Videla de la dictature Birmane, qui sut fort bien passer inaperçue en Europe! Cette indifférence quasi-totale m'a longtemps semblé sidérale, malgré les dizaines de milliers de victimes depuis le début des années soixante. Il y aurait eu plus de 200 000 morts.

Qui se souvient de grande manifestation en Europe contre la dictature militaire Birmane? C'est sûr, avec Pinochet c'était un peu plus facile à comprendre... Il était plus "à la mode" de se payer la tête de Pinochet que celle du SLORC, régime qui s'est parfois auto-qualifié de socialiste, un excellent moyen de brouiller les cartes, surtout durant la "guerre froide".

Le pavillon Birman (Myanmar) à bord.

Il reste sûr que de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud depuis leur prise du pouvoir, les "gars du SLORC" bénéficient de très nombreuses complicités, d'une extrême indulgence, d'une extrême (encore) ignorance et surtout de la plus terrible indifférence. C'est cependant en train de changer aujourd'hui grâce à l'audience déjà ancienne d'une jolie femme devenue Prix Nobel de la Paix et des manifestations spectaculaires des moines Boudhistes.

D'autre part les soutiens les plus puissants du SLORC en Occident semblent le laisser progressivement tomber. Mais il lui reste de puissants relais en Chine et en Europe, tandis qu'aux Etats-Unis on "sent mal" la situation. En effet depuis quelques années fréquenter la junte Birmane, fait de plus en plus "très mauvais genre"...

La CGM d'aujourd'hui ne se permet pas ce genre de pratiques, grippe-sous, maladroites et inefficaces. C'est peut-être comme cela qu'elle s'impose.

Tout ceci pour dire qu'il existe aussi une justice immanente car l'expérience Birmane de la CGM et de ses navires sous ce pavillon "ne s'est pas très bien terminée" financièrement. Il y fut rapidement mis un terme à la suite des nombreux ennuis techniques subis par les deux porte-conteneurs durant cette période. Ces "tuiles" furent toutes "accompagnés" par de graves problèmes humains survenus à bord:

Tout cela est en effet arrivé alors que la répression du soulèvement de 1988 n'était pas encore terminée. Je vous laisse donc comprendre que l'équipage (presque entièrement Birman) vivait dans l'angoisse et la peur permanente pour leur famille au pays. Certains ont d'ailleurs "pété les plombs"... Les marins savent de quoi je parle, il n'y a rien de pire que naviguer à l'autre bout du monde quand "tout va mal" chez soi. Et quand on sait ses biens sont menacés, que son épouse, ses enfants ou ses amis sont peut-être en danger de mort...

Le plus dingue dans l'affaire reste que ces marins Birmans ont eu la chance d'avoir affaire à des marins Français tous bien disposés envers eux, ce qui n'est pas toujours (loin de là) le cas dans ces milieux de la navigation sous pavillon de complaisance et des "boîtes de ship-management"... Ci-dessous le très Birman "CGM California":

Le CGM California

Je vous invite donc à lire l'excellent récit du commandant Alain Le Roux du CGM California, l'un de ces deux bateaux. Bien qu'un petit peu long, (il y a beaucoup de choses à raconter) c'est passionnant et souvent poignant. Dans la série "et dire que pendant ce temps nos épouses croient qu'on s'amuse..." ce n'est pas du tout loupé!!
Je fus aussi à l'époque particulièrement indigné par la compromission de la CGM avec ce régime, une société Nationale de surcroît, héritière des prestigieuses Messageries Maritimes... Sans autre commentaire car il y a (là aussi) de quoi se mettre en colère. Vous constaterez aussi à cette occasion que certains de nos dirigeants d'entreprises ont d'étranges fréquentations.
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C’est sûr, Leni avait quelques mauvaises fréquentations.
On a beaucoup reproché cela à Leni Riefenstahl, mais au moins elle était une très grande artiste qui sut s'expliquer clairement sans hésitation plus d'une fois sur ce sujet. (il y avait en effet de quoi "discuter") Mais regardons aujourd'hui d'abord, pas hier! Il n'y a plus de nazisme, je crois me rappeler qu'ils ont perdu la guerre, ce qui n'est pas encore le cas du triste régime politique qui pourit la vie du peuple de Birmanie et saccage le pays depuis 1961.
Nos milieux d'affaires n'ont toujours pas su nous expliquer clairement leurs liens étranges avec le régime du Myanmar... Seul Bernard Kouchner s'est exprimé, pour nous dire que Total n'est pas si méchante que nous le pensons en Birmanie. Peut-être, peut-être. Observons donc ce qu'il s'y passe aujourd'hui et surtout, souhaitons bon courage au peuple Birman car se débarrasser du SLORC ne sera pas facile et...
Ce n'est pas gagné car avec eux "ça craint", les bons connaisseurs de ce pays nous le disent.
Les pirates sont aujourd'hui encore partout mille sabords!
Espérons que ces bons bougres de moines bouddhistes et cette jolie femme qu'est Aung San Suu Ky, arriveront à botter joyeusement le cul pas propre du SLORC.

Cette photo fut peut-être prise pour les touristes, mais pas pour
décorer le bureau du général Saw Maung ou de Than Shwe...
Il n'aime plus du tout les moines et nous le comprenons.
Le général Than Shwe, Gross-führer du "Slorc"
L'emblème du "SLORC" est plus beau que sa réalité sociale.

Note: Qu'est-ce que le SLORC? Voyez-vous mêmes, très officiellement:
En Rapport avec le second nom de la Birmanie, vue par la junte, le Myanmar.
Ils ont l'air sympa comme ça mais...

"Slorc" est le nouveau nom du "State Peace and Development Council", la très officielle ancienne appellation du régime de la junte militaire Birmane. Il désigne un petit comité de 13 généraux cooptés qui "tiennent la barre" depuis 1988 avec la fermeté que nous savons... Pour la Paix, avec eux "on repassera plus tard"....
Merci aussi à l'excellent récit du commandant Alain Le Roux à bord du site "Mérite Maritime", il y évoque ce pays et un embarquement tout à fait mémorable. Pour vous inviter à passer à son bord, j'ai prélevé quelques photos.
AVIS ! Radiations Electromagnétiques et Rumeur des Ondes (en effet la fin de ces deux articles peut nous donner conscience du fait que le service technique du Slorc a certainement beaucoup de boulot ces derniers temps...)
Et... Merci au dessinateurissime Kroll, du Soir à Bruxelles.

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